
SOPK, comment traiter l’acné hormonale
L’acné hormonale est l’un des symptômes les plus courants du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Plus qu’un simple souci esthétique, elle peut avoir un impact significatif sur la qualité de vie, l’estime de soi et la santé mentale des patientes. Cette forme d’acné résulte principalement d’un déséquilibre hormonal, notamment d’une production excessive d’androgènes, qui stimule la production de sébum et favorise l’inflammation cutanée. La prévalence élevée de l’acné chez les femmes atteintes de SOPK, combinée à ses répercussions psychologiques, sociales et parfois financières, liées à la quête de traitements efficaces, souligne la nécessité d’une prise en charge adaptée.
Sommaire
Quel est le lien entre l'acné hormonale et le SOPK ?
L’hyperandrogénie associée au SOPK joue un rôle majeur dans le développement de l’acné hormonale.
L’acné : un symptôme fréquent du SOPK
Selon les critères du National Institute of Health pour l’évaluation de l’hyperandrogénie, plus de 75 % des femmes atteintes du SOPK présentent une acné d’origine hormonale. Bien au-delà d’une simple manifestation cutanée, cette acné peut altérer significativement la qualité de vie, en affectant l’estime de soi et la santé psychologique.
Dans ses formes sévères, elle se traduit par l’apparition de kystes érythémateux (lésions rouges et enflées) ou de comédons (points noirs), remplaçant l’aspect lisse et homogène de la peau par des imperfections douloureuses et visibles. En l’absence de prise en charge adaptée, ces lésions peuvent laisser place à des cicatrices permanentes, marquant durablement la peau et parfois le vécu des patientes.
Le rôle des androgènes dans l’apparition de l’acné
Chez la femme, les androgènes, hormones sexuelles masculines dont la testostérone, sont produites principalement par les ovaires, les glandes surrénales et dans les tissus via une conversion périphérique. Leur production est augmentée chez les femmes atteintes de SOPK. Ces androgènes agissent sur des récepteurs présents dans la peau, notamment au niveau des glandes sébacées. Ces dernières, sensibles à la testostérone, voient leur activité stimulée : elles favorisent la prolifération des cellules folliculaires, augmentent la production de sébum et altèrent le renouvellement cellulaire cutané.
De plus, ces glandes contiennent des enzymes capables de transformer des précurseurs hormonaux inactifs, tels que la déhydroépiandrostérone (DHEA) et l’androstènedione, en androgènes actifs comme la testostérone et la dihydrotestostérone (DHT), amplifiant ainsi leur effet sur les glandes sébacées. Cette production excessive de sébum obstrue les pores, favorise la prolifération bactérienne et conduit à la formation de comédons inflammatoires à l’origine de l’acné.
Approches naturelles et hygiène de vie
Le traitement de l’acné lié au SOPK repose sur une approche globale, combinant l’amélioration du mode de vie et la régulation des troubles hormonaux, en particulier l’hyperandrogénie.
L'impact de l’alimentation et des compléments alimentaires
Privilégier une alimentation à faible indice glycémique, riche en fibres, en antioxydants et en acides gras essentiels peut aider à réduire l'inflammation et à stabiliser la production hormonale. Une alimentation variée, équilibrée, privilégiant les produits bruts et issus de l’agriculture biologique, s’inscrit dans un modèle méditerranéen conforme aux recommandations du Programme National Nutrition Santé (PNNS).
Par ailleurs, la supplémentation en vitamine D3, myo-inositol et acide folique a montré son efficacité pour réduire l’acné dès huit semaines chez les femmes atteintes de SOPK, avec une réduction de 69% des lésions inflammatoires de l'acné
et de 63% des lésions non inflammatoires. Cette synergie d’actifs, enrichie en oméga-3, permet également de réguler l’hyperandrogénie en diminuant le taux basal de LH, en améliorant le ratio LH/FSH caractéristique du SOPK, ainsi qu’en abaissant le taux de testostérone.
L'importance d’une bonne hygiène de vie et d’une activité physique
Enfin, une bonne hygiène de vie : arrêt du tabac, modération de la consommation d’alcool, une activité physique d’intensité modérée régulière, en théorie au minimum 150 minutes par semaine (marche, vélo…) et un contrôle du poids permet de réduire l’hyperandrogénie et ses symptômes. Un accompagnement ciblé pour mieux gérer le stress, l’anxiété ou les troubles du sommeil peut également soutenir l’équilibre global de l’organisme.
Solutions médicales pour traiter l’acné due au SOPK
Pilules contraceptives
Parmi les options médicales, les contraceptifs oraux œstro-progestatifs combinés (COP) représentent la première ligne de traitement pharmacologique. Ces pilules, qui associent œstrogènes et progestatifs, sont largement prescrites pour réguler les cycles menstruels irréguliers et réduire les effets de l’excès d’androgènes. Il n’existe pas de préparation spécifique supérieure chez les patientes atteintes de SOPK, mais l’utilisation de formulations à faible dose d’œstrogènes, souvent naturelles, est privilégiée pour limiter les effets secondaires et les risques métaboliques.
Le mécanisme d’action des contraceptifs combinés s’appuie sur deux effets principaux. D’une part, la composante œstrogénique stimule la production hépatique de la globuline de liaison des hormones sexuelles (SHBG), ce qui diminue la quantité de testostérone libre, responsable des manifestations cutanées. D’autre part, la composante progestative inhibe la libération de l’hormone de libération des gonadotrophines (GnRH), entraînant une baisse des taux de LH, facteur clé de la production androgénique ovarienne. Ces effets conjugués contribuent à atténuer l’acné tout en rétablissant une régularité menstruelle.
Spironolactone et autres anti-androgènes
Lorsque la contraception œstroprogestative ne contrôle pas efficacement l’hyperandrogénie et l’acné, un traitement anti-androgène peut être envisagé. La spironolactone, dérivé synthétique de la progestérone, constitue une alternative intéressante grâce à son efficacité et sa tolérance. Elle agit en bloquant compétitivement les récepteurs de la testostérone et de la DHT, tout en inhibant une enzyme clé de leur synthèse et en augmentant la SHBG. Ce double mécanisme réduit la production et l’action des hormones androgènes, diminuant ainsi l’acné.
L’acétate de cyprotérone, souvent associé à un œstrogène comme l’éthinylestradiol, peut également renforcer l’inhibition androgénique en cas d’échec ou d’intolérance à la pilule combinée.
Cependant, une surveillance médicale rigoureuse est indispensable lors de la prise de spironolactone, afin de prévenir des effets secondaires comme l’hypotension ou les malaises. Concernant l’acétate de cyprotérone, son usage à des doses ≥ 10 mg est déconseillé en raison du risque accru de méningiome. Son usage n’est pas recommandé en première intention, en raison du risque thrombotique, mais reste une option sous surveillance pour l’acné résistante.
Soins cutanés et antibiotiques : traiter l’inflammation à la source
Le traitement local de l’acné repose souvent sur des agents tels que les rétinoïdes (trétinoïne, adapalène, trifarotène) ou le peroxyde de benzoyle, parfois complétés par de l’acide azélaïque. Ces traitements agissent en réduisant l’inflammation et en régulant le renouvellement cellulaire. Pour limiter les irritations cutanées fréquentes au début du traitement, il est conseillé d’espacer les applications, par exemple une fois tous les deux ou trois jours, et d’utiliser une crème hydratante. L’application régulière d’une crème hydratante adaptée aux peaux à tendance acnéique permet de maintenir la barrière cutanée et de réduire la sécheresse et les desquamations (perte de petites couches de peau) liées au traitement.
Les antibiotiques locaux sont généralement déconseillés, sauf dans le but de retarder ou d’éviter une antibiothérapie orale. Cette dernière repose principalement sur les cyclines, comme la doxycycline ou la lymécycline, utilisées en association avec un traitement local. Cependant, les cyclines doivent être évitées en cas d’exposition solaire importante, en raison du risque de photosensibilisation, ainsi que chez les femmes enceintes ou désirant une grossesse.
Enfin, dans les formes sévères d’acné, un traitement par isotrétinoïne orale peut être envisagé, soit après l’échec de l’association antibiothérapie orale et traitement local, soit en première intention en cas de risque élevé de cicatrices. Ce médicament, efficace mais potentiellement dangereux, nécessite un suivi strict en raison de ses effets tératogènes et psychiatriques. La prescription s’accompagne d’un protocole rigoureux, incluant notamment la garantie d’une contraception efficace chez la patiente, de l’absence de grossesse et la remise d’une carte de suivi.
Cet article est uniquement informatif et ne remplace pas une consultation ou les conseils de votre médecin. Demandez conseil à un professionnel de santé avant de commencer à prendre un complément alimentaire.
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