Grossesse et allaitement

Les bons réflexes pour un allaitement réussi

Le lait maternel constitue l’aliment idéal pour le nouveau-né, parfaitement adapté à ses besoins nutritionnels et immunologiques dès la naissance. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande ainsi un allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois de vie. L’allaitement peut ensuite être poursuivi, en complément d’une alimentation diversifiée, jusqu’à l’âge de deux ans ou au-delà. Connaître les bienfaits du lait maternel est essentiel pour faire un choix en matière d’alimentation infantile. De plus, il existe de bons réflexes à adopter pour favoriser un allaitement optimal.

Sommaire

    1. Le lait maternel : une composition naturellement adaptée aux besoins du nourrisson

     

    A. Un concentré de nutrition sur mesure

    Dès la grossesse, l’organisme maternel se prépare à l’allaitement en constituant des réserves énergétiques spécifiques. Après la naissance, la simple stimulation du mamelon par la succion du bébé active la production de lait par la glande mammaire. C’est pourquoi il est recommandé de proposer le sein à la demande, aussi souvent que le bébé le manifeste, afin de soutenir une production adaptée à ses besoins.

    L’une des caractéristiques les plus remarquables du lait maternel est sa capacité à évoluer en fonction de l’âge, des besoins du nourrisson et également au cours de la journée. Durant les premières semaines de vie, la composition du lait maternel constitue l’unique source de nutriments pour le nouveau-né, satisfaisant tous ces besoins nutritionnels. 

    B. Une réponse optimale aux besoins spécifiques du nourrisson

    Composé à 87-88 % d’eau, il contient également des macronutriments essentiels, glucides, protéines et lipides, qui fournissent environ 65 à 70 kilocalories pour 100 mL, assurant ainsi un apport énergétique optimal indispensable à la croissance et au développement de l’enfant.

    Les protéines du lait maternel sont particulièrement adaptées : non allergènes, faciles à digérer et à absorber, elles soutiennent le système digestif encore immature du nourrisson. Les glucides et lipides jouent un rôle clé dans la formation et la structuration des tissus. Parmi eux, les acides gras essentiels favorisent le développement cérébral et visuel. De plus, le lactose présent dans le lait maternel facilite l’absorption des composants bioactifs tels que les minéraux dont le calcium. 

    Parallèlement aux macronutriments, le lait contient aussi des anticorps, enzymes, hormones, facteurs de croissance, qui participent activement à la protection et au développement global du nouveau-né.

    2. Les bénéfices multiples et scientifiquement prouvés de l’allaitement

     

    A. Un soutien immunitaire essentiel et des bienfaits durables 

    L’allaitement maternel offre un soutien immunitaire précieux et des avantages à la fois immédiats et durables pour l’enfant.
    Le lait maternel contient des anticorps produits par la mère, qui aident le bébé à se protéger contre diverses infections bactériennes et virales. Une attention particulière est portée au colostrum, ce premier lait sécrété dans les jours qui suivent la naissance. Ce liquide riche en protéines, anticorps et nutriments tapisse les parois du système digestif du nouveau-né, renforçant ainsi ses défenses face aux maladies infantiles courantes. Des études suggèrent également que le colostrum pourrait réduire le risque de mort subite du nourrisson et jouer un rôle dans la prévention du surpoids et de l’obésité à long terme. 

    B. Un allié essentiel pour le développement du tissu cérébral

    Le développement du cerveau est une étape cruciale dans la croissance de l’enfant. Au cours de la première année de vie, le volume cérébral double. À la naissance, le nouveau-né dispose d’environ 100 milliards de neurones, un nombre supérieur à celui dont il disposera toute sa vie, car une partie de ces neurones disparaît naturellement durant les premières années.

    Au-delà du nombre de neurones, ce sont surtout leurs connexions qui jouent un rôle fondamental dans le développement cérébral. Pour favoriser la formation de ces connexions, le cerveau a besoin de nutriments spécifiques et adaptés.

    Une étude publiée en 2018 a démontré que l’alimentation au lait maternel chez les nourrissons prématurés améliore la connectivité cérébrale, c’est-à-dire la capacité du cerveau à établir et renforcer ses réseaux neuronaux, ce qui constitue un avantage majeur pour leur développement cognitif.

    C. Les bénéfices de l’allaitement pour la santé maternelle

    L’allaitement maternel présente de nombreux bienfaits pour la santé de la mère, notamment une protection contre certains cancers (sein et ovaires), le diabète et les maladies cardiovasculaires. De plus, il peut favoriser la perte de poids.
    Naturel, le lait maternel est disponible à bonne température, aux bons dosages, et sans additifs. 


    Cependant, l’allaitement demande une attention particulière à l’alimentation maternelle avec une augmentation du besoin énergétique moyen de 500 kcal par jour. Comme pendant la grossesse, certains nutriments doivent être apportés en quantité suffisante pour soutenir la croissance rapide du bébé, les réserves constituées durant la grossesse ne suffisant pas à long terme.

    3. Sur quels aspects de son alimentation la femme allaitante doit-elle être attentive ?

     

    A. Une hydratation rigoureuse est essentielle

    En effet, la production de lait nécessite une excellente hydratation, ce qui implique de boire régulièrement tout au long de la journée, sans attendre d’avoir soif. L’eau est le liquide le plus adapté pour soutenir les besoins de l’organisme pendant l’allaitement, en particulier les eaux minéralisées riches en calcium et magnésium.

    B. Une alimentation saine et équilibrée

    L’ANSES a publié des recommandations précises pour l’alimentation durant l’allaitement. Parmi les besoins nutritionnels en macronutriments, seuls les apports en protéines augmentent significativement, avec une augmentation de 19 g/jour au premier semestre et 13 g/jour au second semestre, en plus des besoins moyens d’une femme adulte !

    Pour les glucides et les lipides, les recommandations restent les mêmes que pour la femme adulte. Il est conseillé de privilégier les glucides complexes, comme les légumineuses (pois, haricots, lentilles…), féculents et céréales complètes, qui constituent la principale source d’énergie de l’organisme. Concernant les lipides, un apport suffisant en acides gras oméga-3 (poissons gras) est recommandé, car ils jouent un rôle essentiel dans le développement cognitif et moteur de l’enfant durant ses deux premières années.

    Par ailleurs, les besoins en plusieurs vitamines (A, B2, B5, B6, B8, B9 ou acide folique, B12, C) et minéraux (cuivre, iode, potassium, sélénium, zinc) augmentent également pendant la période d’allaitement, soulignant l’importance d’une alimentation variée et équilibrée.

    Cet article est uniquement informatif et ne remplace pas une consultation ou les conseils de votre médecin. 

    Références scientifiques

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    Avis de l’ANSES relatif à l’actualisation des repères alimentaires du PNNS pour les femmes enceintes ou allaitantes, décembre 2019

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