
SOPK
Le rôle clé des Oméga-3 dans la prise en charge du SOPK
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est un trouble à la fois hormonal et métabolique, qui se manifeste par une grande diversité de symptômes (cycles irréguliers, acné, prise de poids, hyperpilosité…). En France, il faut en moyenne sept ans pour être diagnostiquée. La plupart des traitements disponibles ciblent uniquement l’un des versants hormonal ou métabolique. Les oméga-3 représentent donc un allié clé dans la prise en charge du SOPK, grâce à leurs multiples effets bénéfiques.
Sommaire
Quelle est la nature des oméga-3 ?
Les oméga-3 font partie des lipides, une famille de composés gras essentiels au bon fonctionnement de l’organisme. Parmi les lipides, on retrouve notamment les stéroïdes, les phospholipides, les caroténoïdes, les triglycérides et les acides gras, qui jouent divers rôles structurels, hormonaux ou énergétiques.
Les différents types d’oméga-3 : ALA, EPA, DHA
Les oméga-3 sont des acides gras, une catégorie elle-même divisée selon leur structure chimique : les acides gras saturés (sans double liaison), les monoinsaturés (une double liaison) et les polyinsaturés (plusieurs doubles liaisons), ces derniers étant reconnus pour leurs effets bénéfiques sur la santé.
Les oméga-3 sont des acides gras polyinsaturés, caractérisés par une première double liaison placée sur le troisième atome de carbone de leur chaîne. En comparaison, cette liaison apparaît sur le sixième atome pour les oméga-6 et sur le neuvième pour les oméga-9.
On distingue trois principales formes d’oméga 3 : l’acide alpha-linolénique (ALA), essentiel car non synthétisé par l’organisme, et ses dérivés l’acide eicosapentaénoïque (EPA) et l’acide docosahexaénoïque (DHA). L’ALA peut être transformé dans l’organisme en EPA puis en DHA par une série de réactions complexes. Ainsi, cette conversion est faible (moins de 2 %) et varie selon les individus.
Les sources alimentaires d’oméga-3
Les oméga-3 sont présents dans l’alimentation à des concentrations variables. Les sources végétales, comme les noix ou les huiles de colza et de lin, apportent principalement de l’ALA. En revanche, les poissons gras, saumon, maquereau, hareng, sardine ou anchois, fournissent directement de l’EPA et du DHA.
Nos apports en oméga 3 sont faibles. D’après l’Anses, entre 50 et 75 % des femmes auraient des apports insuffisants en DHA, et plus de 75 % en ALA et en EPA. Une supplémentation peut donc s’avérer utile, compte tenu du rôle fondamental de ces acides gras pour le bon fonctionnement de l’organisme.
Quel est le rôle des oméga-3 dans l’organisme ?
Les acides gras oméga-3 remplissent plusieurs fonctions essentielles dans l’organisme. D’abord, sur le plan énergétique, 1 gramme fournit 9 kcal ce qui en fait une source d’énergie très concentrée.Ils jouent aussi un rôle structurel majeur en entrant dans la composition des membranes cellulaires, dont ils améliorent la fluidité, favorisant ainsi les échanges entre les cellules.
Par ailleurs, les oméga-3 interviennent sur le plan fonctionnel en tant que précurseurs de médiateurs anti-inflammatoires.Les oméga 3 sont indispensables au bon fonctionnement cérébral et visuel : après le tissu adipeux, le cerveau est l’organe le plus riche en lipides. Le DHA, aussi appelé acide cervonique, constitue 20 % des acides gras du cerveau et 60 % de ceux présents dans les cellules visuelles.
L’impact des oméga-3 sur les paramètres hormonaux liés au SOPK
Les acides gras oméga-3 jouent également un rôle important dans la régulation hormonale, en particulier chez les femmes SOPK.
Effets sur les taux hormonaux : Testostèrone, LH, FSH
Plusieurs études scientifiques ont démontré les effets bénéfiques des oméga-3 sur divers marqueurs hormonaux. Une diminution des taux de LH, souvent trop élevés en cas de SOPK, a été observée, ce qui peut favoriser une ovulation plus régulière. En parallèle, une amélioration du ratio FSH/LH semble contribuer à une meilleure régulation du cycle menstruel.
Les oméga-3 interviennent aussi dans la réduction de la testostérone circulante, un facteur clé dans l’atténuation de certains symptômes du SOPK tels que l’acné, la chute de cheveux ou l’hirsutisme. Ils favorisent également une hausse de la SHBG, protéine de transport qui limite l’action des hormones sexuelles libres.
Rôle dans la fertilité et l’ovulation
Les effets régulateurs des oméga-3 sur l’équilibre hormonal peuvent avoir un impact favorable sur la fertilité. En soutenant une meilleure régulation des hormones clés impliquées dans l’ovulation, ces acides gras essentiels contribuent à des cycles menstruels plus réguliers. Cela peut être particulièrement bénéfique en cas de SOPK, principale cause d’infertilité chez la femme jeune, où les déséquilibres hormonaux perturbent souvent la fonction ovarienne.
L’impact des oméga-3 sur les paramètres métaboliques liés au SOPK
De plus, les oméga-3 contribuent à la régulation des troubles métaboliques fréquemment associés à ce syndrome, ces derniers participant au maintien des déséquilibres hormonaux dans un cercle vicieux.
Amélioration du profil lipidique
Les oméga-3 améliorent le métabolisme des lipides en diminuant le taux de LDL, le « mauvais » cholestérol, tout en augmentant celui du HDL, considérés comme le « bon » cholestérol. Ils limitent également la lipogenèse, c’est-à-dire la formation de nouvelles graisses à partir des sucres, et réduisent l’absorption du cholestérol au niveau intestinal.
Par ailleurs, les oméga 3 favorisent une élévation des concentrations plasmatiques d’adiponectine, une hormone sécrétée par le tissu adipeux, essentielle à la régulation du métabolisme des lipides et du glucose. Le taux d’adiponectine est souvent abaissé chez les personnes en surpoids, obèses, diabétiques ou atteintes de SOPK, ce qui renforce l’intérêt des oméga-3 dans ce contexte.
Amélioration du profil glycémique et impact sur les paramètres anthropométriques : IMC, tour de taille
Enfin, les oméga-3 jouent un rôle essentiel dans l’amélioration de la sensibilité à l’insuline. En moyenne, 50 à 70 % des femmes atteintes de SOPK ont une résistance à l’insuline, provoquant des perturbations du métabolisme glucidique et augmentant le risque de diabète de type 2.
Les études cliniques démontrent qu’un apport en oméga-3 entraîne une réduction significative des concentrations d’insuline à jeun et une amélioration de l’indice HOMA-IR, un marqueur reconnu de la résistance à l’insuline. En favorisant une utilisation plus efficace du glucose par l’organisme, les oméga-3 participent à la restauration d’un équilibre métabolique favorable, limitant ainsi les complications liées au SOPK. Cette action se traduit notamment par une diminution du tour de taille et de l’indice de masse corporelle (IMC). Cette approche nutritionnelle constitue ainsi un complément précieux dans la prise en charge globale du syndrome, avec des bénéfices sur le métabolisme glucidique et la santé cardiovasculaire.
Cet article est uniquement informatif et ne remplace pas une consultation ou les conseils de votre médecin.
[Références scientifiques]
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- « SOPK et insuline : les liaisons dangereuses » jeudi 14 septembre 2023. Partie 1 SOPK : la faute à l’insuline ? Dr Geoffroy Robin